III. L’INQUISITION, LES DECOUVERTES DE GALILEE, LE JUGEMENT.

 

1) LES IDEES ASTRONOMIQUES A TRAVERS LES SAINTES ECRITURES

A travers la Bible un système solaire a pu être déterminé, système en accord avec les faits et doctrines relatés dans les Saintes Écritures, c’est notamment le système géocentrique de Ptolémée. Ptolémée est un astronome grec qui travailla à Alexandrie au IIe siècle après J .-C . Selon lui la Terre est au centre de l’univers, entourée par l’air, puis par le feu. Après les sept sphères réservées aux planètes (Lune et Soleil compris), la huitième porte les étoiles, la neuvième est cristalline, la dixième mouvante. Ensuite on arrive au ciel habitacle de Dieu et de tous les bienheureux. D’où le nom de système géocentrique provenant du mot grec « gê » signifiant Terre. Ce système restera en vigueur pendant des siècles notamment parce qu’il sera longuement défendu par l’Église. En effet le géocentrisme concorde avec les Saintes Écritures, la Terre est au centre et immobile, le Soleil se déplace, c’est pourquoi Josué arrive à l’arrêter dans un passage de la Bible, la Terre et le Ciel sont séparés et les autres corps célestes n’existent pas. Cette conception du système solaire sera mise en doute par Copernic mais également Giordano Bruno qui fut brûlé vif en 1600 pour avoir envisagé un univers infini et pour avoir supposé que les étoiles pourraient être des soleils. Quelques années plus tard Galilée est lui aussi dit hérétique.

2) L’HERESIE DE GALILEE

Galilée est conscient du danger qu’il court s’il dit publiquement qu’il soutient la théorie de Copernic, Giordano Bruno en est l’exemple. C’est pourquoi il attend d’avoir des preuves pour exposer son opinion. En 1610 il publie ses découvertes astronomiques à travers le Messager Céleste sous la protection de la célèbre famille des Médicis, dont il a donné le nom aux satellites de Jupiter. Ses découvertes sont accueillies et reconnues à Rome même si Galilée est critiqué par certains professeurs d’universités notamment. Malgré lui Galilée sème l’inquiétude au sein de l’Eglise, certains ecclésiastiques adhèrent à sa thèse comme Clavius ou encore le cardinal Barberini mais d’autres s’y opposent tels que le cardinal Bellarmine, ou Caccini. En 1615 un théologien nommé Foscarini écrit au cardinal Bellarmine que Copernic et Galilée ont raison, le cardinal déclare alors que l’utilisation de la théorie de Copernic n’est pas mauvaise, tant que l’on se borne à une description mathématique des phénomènes. Mais affirmer que le Soleil est vraiment au centre du système c’est une attitude «très dangereuse, et de nature non seulement à indigner philosophes et théologiens, mais aussi à faire du tort à notre sainte foi en contredisant les Écritures» . Galilée répondra à un de ses amis de l’Église sur ce sujet : « je ne veux pas voir des hommes de valeur penser que, pour moi, les idées de Copernic ne sont qu’une hypothèse mathématique sans réalité. Comme je suis l’un des plus attachés à ses idées, on croirait que cet avis est partagé par tout les partisans de Copernic, et que sa théorie a plus de chance d’être fausse que physiquement juste. Et cela, à mon avis, serait une erreur. » De plus Galilée est catholique et respecte profondément la religion et l’Église, il risque par conséquent de voir sa science interdite et sa religion coupable d’une interdiction injuste. Il essaie donc de prouver que la théorie de l’héliocentrisme et les Saintes Écritures sont compatibles. Dans cet objectif, il rencontre le 26 février 1616 le cardinal Bellarmine qui n’écoutera pas les arguments de Galilée. Il avertira juste le savant du nouveau décret de l’Inquisition : « l’idée que la Terre tourne autour du Soleil est idiote, absurde, philosophiquement et formellement hérétique, car elle contredit explicitement la doctrine de la Sainte Écriture». Quiconque soutenant cette idée sera donc vu comme hérétique. Le pape ordonne également à Galilée de défendre publiquement les idées de Copernic sous peine de prison de quelque manière que ce soit. Galilée s’abstient alors de parler et d’écrire au sujet de l’héliocentrisme. Cependant le pape meurt et le nouveau pape est le cardinal Barberini, ami de Galilée qui lui donne l’autorisation d’écrire un livre présentant, comme deux théories possibles, les idées de Ptolémée et celles de Copernic. L’ouvrage s’intitule Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde et paraît en 1632. Bien sur Galilée ne soutient pas ouvertement Copernic, mais les arguments en faveur de son système son plus pertinents. Le pape pense alors que Galilée s’est moqué de lui, le livre est interdit et Galilée convoqué à Rome pour hérésie.


3) LE JUGEMENT

C’est à l’âge de 69 ans que Galilée est convoqué pour hérésie à Rome. Cosme de Médicis son protecteur est alors mort et ses amis qui le soutenaient craignent l’Inquisition, il se retrouve seul sous la menace de la torture. Il est, lors du procès, accusé d’hérésie :
« Comme ainsi soit que toi, Galileo Galilei, fils de feu Vincenzo Galilei, Florentin, âgé de soixante-dix ans, aies été, en 1615, dénoncé à ce Saint-Office[…]. Il a naguère paru un livre, qui avait été imprimé à Florence sous ton nom : Dialogue de Galileo Galilei, des deux principaux Systèmes du Monde, de Ptolémée et de Copernic et la Sacrée Congrégation ayant été informée que par la publication de ce livre l’opinion fausse du mouvement de la Terre et de sa stabilité du Soleil gagnait chaque jour plus de terrain, ledit livre a été examiné avec la plus grande attention et on y a découvert une violation expresse de l’injonction susdite qui t’avait été signifiée, car tu as dans ce livre même défendu ladite opinion déjà condamnée et qu’on avait en ta présence déclaré telle […]. C’est pourquoi nous t’avons appelé de nouveau devant ce Saint Tribunal […]. Nous disons, prononçons, sentencions et déclarons que toi Galilée, pour les raisons déduites au procès et que tu as confessées ci-dessus, tu t’es rendu envers ce Saint-Office véhémentement suspect d’hérésie, ayant tenu cette fausse doctrine et contraire à l’Écriture Sainte et Divine, que le Soleil soit le centre du monde et qu’il ne se meut pas de l’Orient à l’Occident, et que la Terre se meuve et ne soit pas le centre du monde, et que l’on puisse soutenir et défendre comme étant probable une opinion après qu’elle a été déclarée par définition contrariant le Sainte Écriture […].
Nous sommes contents de te délier, à condition que dès maintenant, avec un cœur sincère et une foi non feinte, tu abjures, maudisses et détestes devant nous les susdites erreurs et hérésies, et toutes autres erreurs et hérésies contraires à l’Église Apostolique et Catholique, de la manière et sous la forme prescrite par Nous. Et toutefois afin que ta grande faute, pernicieuse erreur et transgression que tu as faite ne demeure tout à fait impunie, afin que tu sois à l’avenir plus retenu et serves d’exemple aux autres pour qu’ils s’abstiennent de semblable délits, Nous ordonnons que, par un édit public, le livre des Dialogues de Galileo Galilei soit prohibé. Nous te condamnons à la prison formelle de ce Saint-Office, à Notre arbitre, et pour pénitence salutaire t’enjoignons de dire trois ans durant une fois la semaine les sept Psaumes de la pénitence, Nous réservant la faculté de modérer, changer ou lever, en tout ou en partie, les susdites peines et pénitences. »


Galilée fut donc forcé d’abjurer le 22 juin 1633 toutes les idées qu’il a défendues durant sa vie :
«Moi, Galileo Galilei […], comparaissant en personne devant ce Tribunal, et agenouillé devant vous […], je jure que j’ai toujours cru, que je crois à présent, et que, avec la grâce de Dieu, je continuerai à l’avenir de croire tout ce que la Sainte Église catholique, apostolique et romaine, tient pour vrai, prêche et enseigne ;[…]j’ai été, de ce fait soupçonné véhémentement d’hérésie, c’est-à-dire d’avoir maintenu et cru que le Soleil est au centre du monde et immobile, et que la Terre n’est pas au centre et se meut. Pour ceux, voulant effacer dans l’esprit de Vos Eminences et de tout chrétien fidèle ce soupçon véhément, à juste titre conçu contre moi, j’abjure et je maudis d’un cœur sincère et avec une foi non simulée les erreurs et les hérésies susdites, et en général toute autre erreur, hérésies et entreprise contraire à la Sainte Église ; je jure à l’avenir de ne plus rien dire ni affirmer de voix, et par écrit, qui permette d’avoir de moi de semblables soupçons[…]. Je jure aussi et je promets d’accomplir et d’observer strictement les pénitences qui m’ont été ou me seront imposées par ce Saint-Office[…]
».
Galilée est de cette façon condamné à être emprisonné jusqu’à la fin de ses jours. Il sera cependant relâché au bout d’un an et autorisé à s’installer dans sa propre maison, à Acertri, près de Florence. Mais il n’a pas le droit de la quitter sans autorisation, ni de recevoir des visiteurs importants sans la présence d’un inquisiteur.

Ainsi Galilée fut jugé et condamné pour ses découvertes, ses livres furent prohibés, de même que l’enseignement de sa théorie. Pourtant, ses découvertes révolutionnaires de l’époque sont aujourd’hui proclamées véridiques et sont au cœur de notre science. Toute sa science n’a donc pas disparu après son procès, et s’est même transmise au fur et à mesure du temps.